Nouvel article dans le Courrier Picard pour « Moi aussi, j’ai eu 30 ans ! »

Claudette, 76 ans, dernier portrait de la série « Moi aussi, j’ai eu 30 ans ! »

 

A quoi ressemblait leur vie à 30 ans à Amiens ? Durant huit mois, la photographe Anne D. Lefèvre est allée à la rencontre de retraités qui lui ont raconté leurs souvenirs, bons et mauvais. De leurs témoignages, elle espère sortir un ouvrage.


Il n’y a pas de vie banale ! Voilà comment on pourrait résumer en quelques mots le projet « Moi aussi, j’ai eu 30 ans ! » porté par Anne D. Lefèvre. Depuis huit mois, la photographe et sociologue, diplômée en ethnologie et démographie, sillonne Amiens et les villages de la Métropole à la rencontre de retraités qui ont bien voulu lui raconter à quoi ressemblait leur vie quand ils avaient 30 ans.

 

« Je crois que j’étais l’accident qui a gâché la vie de mes parents alors qu’ils étaient très jeunes » Claudette Wass, retraitée

Un projet qui questionne notre regard sur les personnes âgées et sur la place que l’on veut bien leur laisser dans la société. « Il ne s’agit pas de dire que c’était mieux avant et, d’ailleurs, ce n’est pas du tout ce qui ressort des échanges que j’ai pu avoir. L’idée, c’est de raconter leurs histoires et de parler de cette résilience qui les ont amenés à surmonter leurs difficultés, à se dire : allez, on avance, la vie continue, et d’autres bonnes surprises nous attendent ! », explique la photographe pour qui il s’agit aussi  de redonner la parole à ces personnes âgées trop souvent invisibilisées. Et qui ont pourtant beaucoup à dire et  à nous apprendre…

« Il y avait beaucoup de tendresse dans les témoignages et des histoires poignantes aussi, avec tous ces drames qui les ont marqués : la maladie, la perte d’un conjoint, ce harcèlement vécu au travail, etc. Mais avec, à chaque fois, l’envie de continuer malgré tout, l’envie de rebondir malgré les évènements tragiques. » Claudette Wass, 76 ans, acquiesce.

L’envie de rebondir malgré les évènements tragiques

Elle est la vingtième et dernière retraitée de cette série de portraits. Ancienne salariée de l’Inspection académique où elle a fait toute sa carrière, aujourd’hui encore très investie dans la vie associative, elle est de ceux qui regardent la vie droit devant et la croque à pleines dents malgré les difficultés.

Quand Anne D. Lefèvre lui demande l’adage qui a toujours conduit sa vie, elle répond : « Quand on veut, on peut ! C’est ce que je dis toujours à Ugo (Ndlr : son petit-fils adoré et sa plus grande fierté). Quand on se donne la possibilité de faire les choses, on doit y arriver, d’une façon ou d’une autre. »

Claudette sait de quoi elle parle, elle, l’aînée d’une fratrie de sept enfants, et la seule qui a été confiée à ses grands-parents alors qu’elle était toute petite. « On ne m’a jamais dit le pourquoi du comment, mais je crois que j’étais l’accident qui a gâché la vie de mes parents… Les autres ont pu vivre avec eux et ils venaient parfois nous voir pendant les vacances quand ils ont déménagé dans les Vosges. Mais j’ai été très couvée et gâtée par ma grand-mère« , racontre Claudette qui dit avoir tout pardonné.

« J’ai construit ma vie avec Jeannot (Ndlr : son époux) en laissant tout ça derrière moi. Ou alors c’est bien caché quelque part dans mon cerveau« , sourit Claudette qui passera près de trois heures avec Anne D. Lefèvre à discuter. Elle a tellement de souvenirs qui lui reviennent…

A la recherche d’une maison d’édition

De ces portraits et témoignages, la photographe espère faire un beau livre. « Je suis toujours à la recherche d’un éditeur. J’ai écrit à plusieurs maisons d’édition et n’ai reçu pour l’instant que des réponses polies… J’y crois parce que je me dis que ce serait tellement dommage que tout cela reste dans mon ordinateur. »

Elle a prévu d’aller frapper aux portes du Département et d’Amiens Métropole pour leur demander de l’aider à aller au bout de ce projet qui a maintenant presque valeur de patrimoine local vivant…

Par Térézinha Dias
Journaliste au Courrier Picard
Publié le 30 janvier 2024